Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/35

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fait ? Car vous ne savez pas, Raymond, comme j’étais malheureuse lorsque vous vîntes ici pour la première fois, à votre arrivée d’Angleterre !… lorsque vous eûtes pitié de la pauvre enfant abandonnée !… malheureuse !… malheureuse au point…

Elle frissonna et ferma les yeux comme pour fuir une image terrible…

— Calmez-vous, Anna, dit Raymond, lui-même très-ému, calmez-vous ma sœur !…

Hélas ! si je vous ai fait quelque bien, je voudrais compléter mon œuvre ! vous rendre tout-à-fait heureuse !… car je vous entends, moi !… je sais que vous êtes une créature privilégiée de Dieu… mais les autres ne vous entendent pas, Anna… Ces hommes qui mettent leur bien dans la poussière du monde non seulement ne vous comprennent pas… mais, s’ils vous comprenaient, Anna, ils vous railleraient, loin de vous porter envie. Ils riraient à la vue de cette nature