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et de frayer, dans le monde entier, une voie libre au travail allemand et à l’idéalisme allemand. Mais ces tâches supérieures de civilisation, nous ne pouvons les remplir que si notre œuvre civilisatrice est portée et soutenue par une croissante puissance politique, puissance qui doit trouver son expression dans l’accroissement du domaine colonial, l’extension du commerce extérieur, la diffusion plus grande du germanisme dans toutes les régions de la terre et, avant tout, dans le complet affermissement de notre puissance en Europe[1]. »

Ainsi, la domination que les Allemands revendiquent sur le monde apparaît comme fondée sur la nature. Il suffit qu’ils « prennent conscience » de leur supériorité de race pour qu’ils en proclament la nécessité. Et cette conscience, comment ne les inonderait-elle pas de ses clartés ? Ne correspond-elle pas providentiellement aux intérêts d’une nation chez laquelle les appétits de puissance et de richesse se sont substitués à l’idéalisme de jadis ? La suprématie militaire et la suprématie économique de l’Allemagne d’après 1870, peuvent-elles laisser le moindre doute sur la légitimité de ses ambitions ? À quoi bon s’embarrasser ici de scrupules et de morale ? D’avance, le germanisme répond à tout. Il porte en lui-même sa justification. Il s’impose comme un fait irréfragable. On ne le discute pas ; on le prouve, et on ne peut le prouver qu’en l’imposant. La race supérieure peut-elle s’abstenir de développer ses forces et ses énergies au profit des races dégénérées qui l’entourent ? Non, évidemment. « Il est de l’intérêt de l’humanité que ce soit le peuple le plus actif, le plus vigoureux, le plus prêt aux sacrifices, bref, le peuple le plus capable de culture qui ait la plus grande quote-part de la population et de la surface du globe[2]. » Or, qui niera que ce peuple soit celui des Germains ? Vous avez, dites-vous, quel-

  1. Andler. op. cit., p. 386.
  2. Ibid., p. 340.