Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/179

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la France à l’abîme où elles l’avaient précipitée. Il était écrit que cette œuvre réparatrice appartiendrait au glorieux jeune homme qui, en faisant perdre à la Convention expirante jusqu’à l’honneur de ses dernières conceptions, leur imprima le sceau de son génie, en attendant l’heure de les transformer en instruments de sa puissance.

M. Biot fut admis comme chef de brigade à l’École polytechnique lors de sa création. Il rappelait toujours avec une vive émotion ces premiers temps qui virent se nouer ses plus chères amitiés ; c’était avec une reconnaissance filiale qu’il évoquait surtout la mémoire de Monge, fondateur de la grande École où sa bonté ne laissa pas des traces moins profondes que son enseignement. Nommé bientôt après professeur à l’École centrale de Beauvais, il consacra les longs loisirs que lui laissaient ses fonctions aux parties les plus élevées des mathématiques. Des circonstances heureuses le mirent en mesure d’établir, avec M. de Laplace, qui l’avait remarqué à l’École polytechnique, ces premières relations dont il a écrit l’histoire avec un goût si délicat. Il avait beaucoup médité, c’est lui-même qui nous l’apprend, sur une classe de questions géométriques qu’Euler avait traitées par des méthodes indirectes, parce que les éléments de leur solution étaient d’ordre dissemblable. Se sentant maître de la matière, le jeune professeur eut la pensée de les résoudre à l’aide d’un mode particulier d’équation, exprimant l’ensemble des conditions auxquelles il fallait satisfaire. M. Biot réussit Encouragé par le grand astronome qui déjà l’autorisait à recevoir en épreuves les feuilles du traité, encore inédit, de la Mécanique céleste pour en revoir les calculs, et presque devenu, au fond d’une province,