Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/181

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inépuisable fécondité. En 1805, M. Biot avait déjà publié l’Essai sur l’histoire des sciences durant la Révolution française, un Essai de géométrie analytique, un Traité élémentaire d’astronomie, et fait passer dans notre langue, en l’éclairant par un commentaire, la Physique mécanique de Fischer.

À l’ouverture du nouveau siècle, la France brillait d’un éclat égal dans les sciences et dans la guerre ; mais, par un étrange contraste, lorsque la gloire de ses armes semblait se personnifier dans un seul homme, tant il avait dépassé ses rivaux, les forces intellectuelles, qui justifiaient notre suprématie en Europe, avaient des représentants nombreux, et leur union au sein de l’Institut accomplissait déjà pour ce grand corps la pensée qui avait présidé à sa fondation. La France pouvait nommer Laplace et Lagrange, Monge et Delambre, Berthollet et Gay-Lussac, Ampère et Cuvier. Ami ou disciple de ces hommes illustres, devenu bientôt leur associé pour être plus tard leur égal, M. Biot embrassait tous les horizons ouverts par leurs travaux, joignant une puissance d’étude, que rien ne lassait, à une lucidité qui rendait son enseignement aussi attrayant que profitable. Prompt à comprendre, heureusement doué pour exposer, il concentrait les rayons épars des sciences contemporaines et les réfléchissait en gerbes éclatantes.

Tout entier à ses études sévères, il ne cherchait de repos pour son esprit que dans les lettres, de joie pour son cœur que dans les affections domestiques. Le jeune membre de l’Institut voulut conserver sa modeste indépendance en face du gouvernement impérial, non qu’il en méconnût l’éclat, mais parce que la grandeur de la science dépassait à ses yeux