Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/192

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ne provoqua pour un disciple de plus amères épreuves.

Parmi les nombreuses controverses qui ont troublé le repos de M. Biot, je ne puis omettre celle qui occupa la plus grande place dans sa carrière scientifique et qui concourut à le pousser vers les voies de l’astronomie historique, dans lesquelles il marcha plus tard avec tant d’éclat. On sait quelle émotion produisit en France, durant la Restauration, le transport à Paris du zodiaque circulaire de Denderah. Les savants de l’expédition d’Egypte qui, à travers mille périls, avaient pu contempler au désert ce débris d’une grande civilisation écroulée, avaient cru lire sur ces pierres scellées aux parois de gigantesques ruines l’authentique témoignage d’une antiquité incompatible avec les traditions mosaïques. Le gouvernement eut l’heureuse pensée d’acquérir pour la France la relique, objet de controverses si ardentes, qui a vu le silence se faire autour d’elle sitôt qu’elle a passé des solitudes de la Thébaide dans une salle, aujourd’hui peu visitée, de la Bibliothèque impériale. Nommé commissaire pour traiter de cette acquisition, M. Biot se trouvait investi, par cette circonstance même, de la mission qu’il allait accomplir. Une longue étude de ce monument, dans ses signes astronomiques et dans ses symboles religieux, le conduisit à penser qu’il correspondait, selon toutes les probabilités, à l’état sidéral existant lors de son érection ; puis ses calculs l’amenèrent à établir que le point du ciel indiqué comme pôle de projection par le zodiaque exprimait la position qu’avait l’équateur terrestre 716 ans avant l’ère chrétienne. Telle fut, d’après l’opinion de M. Biot, la limite extrême au-delà de laquelle toutes les données scientifiques interdisaient de remonter.

Ces affirmations inattendues soulevèrent des contradictions