Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/199

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des grandes controverses scientifiques. Il a revisé le procès de Galilée avec la sagacité d’un magistrat instructeur, et rendu compte de la querelle fameuse engagée entre Newton et Leibnitz pour la priorité d’invention du calcul infinitésimal, avec une lucidité qui permet aux gens du monde d’aborder sans trop d’efforts les plus ardus problèmes des mathématiques. Dans les études biographiques consacrées à ses plus illustres confrères, depuis Coulomb jusqu’à Cauchy, il écrit avec l’émotion de l’amitié et juge avec le calme de l’histoire. Dans ses Mélanges, que les lettres peuvent à bon droit disputer aux sciences, il élucide une question d’archéologie en même temps qu’il disserte sur un point d’économie sociale, et les cartulaires des monastères ne l’intéressent pas moins que les documents statistiques relatifs à l’alimentation de Paris. M. Biot relisait, en effet, tous les vieux livres, voulait bien lire la plupart des nouveaux, et suivait tous nos débats politiques, de ces hauteurs dont aucun orage ne troublait pour lui la sérénité. Sachant circonscrire la sphère de ses travaux, sans restreindre celle de ses jouissances, il passait de Newton à Homère, et de Huyghens à Virgile, comme on va de son cabinet à son jardin et de ses livres à ses fleurs.

Chasseur intrépide, promeneur infatigable, ce vieillard vigoureux prit un soin constant pour maintenir, entre l’activité de l’esprit et celle du corps, l’équilibre tant recommandé par la sagesse antique. Vous savez, Messieurs, ce qu’il fut pendant les dernières années écoulées dans un commerce journalier avec vous. L’Académie conserve, parmi ses meilleurs souvenirs, celui du discours consacré par cet octogénaire à la mémoire de l’un de ses plus vénérables contempo-