Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/203

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sont à ce prix. Vous avez trop bien compris ce que la France attend de vous pour réduire votre mission à la défense de formes littéraires dont la vie ne tarderait pas à se retirer, si elle n’était renouvelée par la diffusion continue de l’esprit qui les anima. Gardiens des sources où l’intelligence se retrempe pour tous les labeurs féconds, depuis la poésie, qui est la vérité dans l’idéal, jusqu’à la grammaire, qui est le bon sens dans le langage, vous en maintenez la pureté en luttant, dans le domaine si troublé de la pensée et de l’art, contre les enivrements de l’orgueil et les abaissements de la sensualité ; fidèles aux fortes traditions dont le dépôt vous est remis, vous n’avez jamais séparé le beau de l’essence étemelle dont il est la splendeur.

Oh ne s’étonnera pas que je vous rende un pareil hommage le jour où je puis, en vous parlant d’un confrère vénéré, me prévaloir de son nom et rappeler ses exemples. Ces idées, consacrées par la sanction des siècles, ont imprimé à sa vie le sceau d’une unité magnifique, jeté sur sa vieillesse l’éclat d’une grandeur sereine, et je les place avec confiance sous la protection de sa mémoire.