Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/229

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provisation que la tribune politique ne surpassait pas ; nous avons pu apprendre que, si des entretiens si élevés ne donnent pas le talent, ils inspirent du moins pour les lettres un goût passionné que les années n’effacent point.

Ainsi préparé, le jeune Pasquier entre au parlement de Paris, à l’âge de vingt ans, c’était son droit comme fils de maître, mais à condition de n’avoir que cinq ans plus tard voix délibérative. De ce moment commencent les graves et fortes études du magistrat : un des présidents à mortier appelle chaque jour auprès de lui ses plus jeunes collègues et les fait conférer ensemble sur les devoirs de leur charge et sur les connaissances variées qu’elle exige. Ils assistent avec la même régularité aux audiences judiciaires du Parlement, rendues si solennelles par les grands procès qui ont marqué cette époque et par l’éloquence des gens du roi et du barreau, de Séguier et de Gerbier.

Mais, il faut bien le dire, d’autres délibérations du parlement excitaient plus vivement l’attention de M. Pasquier. Si vous vouliez. Messieurs, préparer un jeune homme à la vie publique, trouveriez-vous une meilleure école que celle qui s’offrit tout à coup à lui ?

Au moment où il entre au parlement, dans les premiers jours de 1787, la lutte se poursuit avec une vivacité extrême entre ce grand corps et la royauté. M. de Calonne, et, après lui, M. de Brienne, redoublent d’efforts pour l’abattre. Le parlement de Paris ne recule pas ; toute la magistrature française fait cause commune avec lui ; et ainsi les deux plus anciennes, les plus imposantes institutions du pays, la royauté et la magistrature, sous les regards attentifs d’une nation spirituelle, agitée, fatiguée du passé, avide de nou-