Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/242

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Les maréchaux qui, la veille encore, résistaient à l’ennemi avec une poignée de soldats et de jeunes gens des écoles, avaient reçu du frère aîné de l’empereur l’autorisation, c’est-à-dire l’ordre de capituler. La capitulation fut faite. Un gouvernement provisoire s’empara du pouvoir politique, et prononça la déchéance. Le préfet de police, convaincu qu’elle était devenue une nécessité, et ne voulant pas laisser son poste dans l’état où se trouvait la capitale, en instruisit l’Empereur par un billet qu’il écrivit au duc de Bassano, et par une conversation qu’il eut avec le duc de Vicence, conversation que ce dernier raconte dans ses Mémoires. Il consacra ensuite tous ses efforts, dans les détails journaliers et étendus de son administration, à éviter toute cause de méfiance et de troubles entre les amis des Bourbons revenus de l’exil avec M. le comte d’Artois et la population parisienne. Obtenir des souverains étrangers que leur autorité s’effaçât autant que possible, calmer les mécontentements qui éclataient dans une population fatiguée par les rigueurs d’un long hiver sans travail, et humiliée par nos défaites ; enfin modérer, quelquefois combattre les prétentions blessantes d’un parti français qui se considérait comme vainqueur, telles furent ses constantes préoccupations pendant le terrible mois d’avril 1814. Il déplut fort par la manière dont il accomplit cette dernière partie de sa tâche. À l’arrivée du roi, il fut remplacé à la police et nommé directeur général des ponts et chaussées.

Il aurait béni ce changement, s’il ne se fût trouvé en présence de travaux considérables à faire, ne fût-ce que pour réparer les maux que l’état de guerre avait produits, et sans ressources pour les mettre à exécution. Il dut se borner pen-