Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/246

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chercher le doute dans l’âme de ceux qui hésitent afin de le dissiper ; donner aux pensées de ses amis une forme telle qu’ils se glorifient de suivre son drapeau ; dans la discussion même la plus vive, être clair, être rapide, et éviter qu’un mot mal choisi ou mal compris ne compromette les principes qu’il défend ; c’est là, Messieurs, un grand acte de l’esprit humain. M. Pasquier est un de ceux qui en ont donné l’exemple et avec le plus de succès dans la Chambre de 1815.

Il déploya de nouveau son rare talent de discussion, joint à une activité prodigieuse, lorsqu’il fut appelé successivement, sous la présidence du duc de Richelieu, aux ministères de la justice et des affaires étrangères. Jamais ministre n’accepta plus largement la responsabilité de ses propres actes et la solidarité des actes de ses collègues. Son expérience consommée lui permit d’intervenir utilement dans les questions les plus variées de justice ou de finances, de guerre ou de politique générale. Le recueil de ses discours était déjà imprimé lorsqu’il est entré parmi vous. Je ne pourrais rien ajouter à l’appréciation si sûre et si juste de l’écrivain éminent qui le recevait, et qui a bien voulu s’asseoir auprès de moi comme pour lui rendre un nouvel hommage. Sans doute, l’improvisation politique a fait des progrès depuis l’époque où ces discours ont été prononcés. Ne soyons pourtant pas ingrats envers nos devanciers. Permettez à ceux mêmes qui ont assisté depuis à des délibérations plus éclatantes, de ne pas se rappeler sans émotion ces premiers jours du gouvernement parlementaire où ils voyaient se succéder à la même tribune MM. de Serre et Lainé, Royer-Collard et Camille Jordan, Manuel et Pasquier.