Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/247

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On ne rendrait pas complète justice à ce dernier si l’on ne voyait que des mérites oratoires dans ses travaux de cette époque.

Député, il se trouva en présence d’une majorité ardente, animée d’un profond mépris pour toutes les nouveautés qu’une révolution de vingt-cinq ans avait créées parmi nous, d’une vive colère contre tous les hommes qui y avaient figuré, sauf une exception singulière, M. Fouché, qui, selon l’expression du grand écrivain de ce parti, était passé, par le repentir, de la classe des coupables dans celle des infortunés. M. Pasquier, réuni à quelques bons citoyens dont un glorieux survivant se trouve encore parmi vous[1], combattit avec énergie ces passions aveugles qui s’attaquaient à tous les intérêts nouveaux de la France, qui blessaient les susceptibilités les plus légitimes, inquiétaient la magistrature, insultaient les débris de l’armée, et cherchaient partout des coupables excepté dans les désordres sanglants dont nos départements du Midi étaient le théâtre. Si ses alliés et lui ne gagnèrent pas souvent la majorité, ils obtinrent du moins le résultat inévitable d’un régime de libre discussion : ils éclairèrent l’opinion publique et la préparèrent à couvrir d’applaudissements l’ordonnance de dissolution du 5 septembre 1816.

Quatre mois plus tard, M. Pasquier, après avoir passé par la présidence de la Chambre des députés, acceptait le ministère de la justice sous M. le duc de Richelieu. Je ne crois pas qu’à aucune époque des ministres aient eu une plus belle mission à remplir. Cent cinquante mille

  1. M. de Barante.