Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/248

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soldats étrangers occupaient une portion de notre territoire, et y commandaient en maîtres. Cette occupation, oppressive pour nos populations, humiliante pour l’autorité royale, ruineuse pour nos finances, devait durer encore trois ans. Pour en rapprocher le terme, il fallait payer, à l’aide du crédit, tous les frais de la guerre et éteindre les réclamations particulières, qui s’élevaient à des chiffres fabuleux, mais que le duc de Richelieu fit réduire des quatre cinquièmes. Il fallait encore donner aux étrangers le spectacle d’un pays s’administrant lui-même, soumis aux lois, et satisfait des institutions qui le régissaient. — Ce grand résultat fut obtenu au mois d’octobre 1818. Plus on y réfléchit, plus on sent qu’il honore les ministres qui l’obtinrent et la royauté qui les soutint ; mais n’oublions pas ce qui fut leur principal moyen de succès : c’est par les débats publics et libres des deux Chambres qu’ils purent faire connaître la France à l’Europe, donner un démenti victorieux aux notes secrètes par lesquelles on inquiétait les souverains étrangers, inspirer confiance aux capitalistes européens, enfin faire accepter avec résignation à la France les conditions onéreuses de sa libération.

Je ne saurais accorder la même sympathie à la mission que reçut le duc de Richelieu rentrant au pouvoir aprés la mort de M. le duc de Berry, et gardant son ancien collègue comme ministre des affaires étrangères. Il fut bien avéré que ce crime était l’œuvre d’un fanatique obscur, qui n’avait eu aucun rapport avec les partis politiques même les plus avancés. Néanmoins on y trouva l’occasion de revenir, pour les supprimer ou les amoindrir, sur toutes les concessions libérales des dernières années, comme si la France entière