Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/267

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s’applaudit d’avoir pu ajouter aux succès de votre carrière civile et politique là consécration littéraire de ses suffrages.

Ces succès, j’aimerais à les retracer ; mais parmi ceux qui ont eu le barreau pour théâtre, les plus éclatants, sur lesquels il serait naturel d’insister, se rattachent à des circonstances que je dois craindre de rappeler indiscrètement, prenant conseil et de mon peu d’aptitude à traiter des sujets de ce genre, et du caractère d’une réunion étrangère aux passions et aux querelles de la politique contemporaine. Ce qu’aucune convenance ne m’interdit de louer dans vos plaidoiries, c’est la défense grave, noble, élevée de certains clients de nature abstraite, dont vous vous êtes fait, par une heureuse transformation de votre rôle, le zélé et éloquent avocat. Telle est, par exemple, l’histoire pour laquelle vous avez soutenu plus d’un procès ; procès de bien vieille date, qu’on gagne, qu’on doit gagner, quand on les plaide avec une pareille force de raison et de langage, mais qu’on est condamné à toujours plaider, et contre ceux qui, faisant mentir l’histoire dans des vues de passion ou d’intérêt, la dépouillent de son premier caractère, la vérité ; et contre ceux à qui trop souvent il convient de restreindre son droit de raconter et de juger. J’indique seulement. Monsieur, m’affligeant de ne pouvoir faire plus, le sujet de développements qui ont vivement frappé le palais et dont il n’a pas gardé seul le souvenir. Un des premiers mérites de vos belles plaidoiries, c’est que les causes privées, quelque importantes qu’elles puissent être par la qualité, l’illustration des personnes et la nature des questions engagées dans le débat, y donnent presque toujours ouverture à des causes d’un ordre supérieur, d’un ordre général, qui intéressent la conscience humaine.