Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

écouté, d’une influence toujours prépondérante ; l’homme d’État rendu nécessaire par son grand sens politique à tant de cabinets, et transportant, de ministère en ministère, à l’intérieur, à la justice, aux affaires étrangères, son universelle aptitude ; celui, enfin, que l’on a vu présider, avec une dignité inaltérable, une autorité incontestée, en des conjonctures souvent bien difficiles et bien périlleuses, aux délibérations et aux jugements de la Chambre, de la Cour des pairs ; le chancelier de France ; ce fut son plus haut et son dernier titre : le nom qu’il portait, l’un des noms considérables du parlement de Paris, l’honneur d’avoir siégé lui-même, bien jeune encore, dans ce noble sénat dont il devait rester parmi nous le dernier représentant, l’honneur, aussi, d’avoir imprimé à de grands actes judiciaires un caractère qui rappelait la majesté de ses audiences, voilà ce qui l’avait désigné pour cette suprême magistrature, ce qui la lui avait pour ainsi dire déférée : et quand des changements, qui ont tout renouvelé, semblèrent la lui avoir retirée, elle lui fut maintenue jusqu’au dernier moment, dans son glorieux titre du moins, par un respect universel.

Où est l’unité d’une vie dont la mobilité de nos formes politiques a ainsi varié les aspects ? Elle est, votre impartiale justice ne pouvait le méconnaître, dans une activité d’esprit incapable de repos, que n’ont suspendue ni les loisirs de la retraite, ni les langueurs de l’âge, ni les défaillances dé la maladie, qui n’a cessé qu’avec la vie elle-même ; elle est dans la passion, non moins persistante, du bien public, dans l’ambition, difficilement satisfaite, de travailler au maintien, au progrès des idées d’ordre, de sage liberté, de justice.