Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/275

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étaient pour nos monuments classiques, pour les belles œuvres de l’âge qu’il avait vu finir, pour ce qui s’en rapprochait ; mais il ne refusait pas de suivre dans des voies nouvelles quelques heureuses imaginations. N’avait-il pas fait partie, au commencement du siècle, de ce cercle intime qui reçut la première confidence des grandes nouveautés préparées par le génie naissant de Chateaubriand ?

Ces hautes fortunes que reposent et quelquefois consolent les lettres, dont les lettres sont même les utiles auxiliaires dans l’accomplissement des devoirs publics par les heureuses inspirations qu’en reçoivent la pensée et la parole, toujours on les a vues rechercher, comme une sorte d’achèvement, de couronnement, l’adoption de l’Académie ; et toujours aussi l’Académie, constante dans des traditions qui datent de son origine, a pensé avoir des droits sur elles. C’est par un concert semblable que notre compagnie s’est acquis dans la personne de M. Pasquier, ce que je voudrais avoir exactement caractérisé, tout cet ensemble imposant et aimable de rares mérites, qu’avait formé le cours du temps, qu’il devait respecter plus de vingt ans encore, dont elle a pu faire, pendant près d’un quart de siècle, sa décoration, sa parure.

Je ne crois pas adresser à la mémoire de notre illustre confrère une louange qu’il eût dédaignée, en disant qu’il ne regarda pas comme une simple distinction honorifique le titre nouveau qui venait s’ajouter à la longue liste de ses dignités. Non-seulement il s’attacha de cœur à l’Institut, heureux et fier de tout ce qui devait en perpétuer, en rehausser l’éclat, ressentant d’autre part, avec la susceptibilité jalouse d’un ancien parlementaire, d’un président de nos