Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/291

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bras et les journées de leurs bestiaux pour seconder la construction d’un établissement auquel on estime qu’ils n’ont pas contribué par là pour moins de seize mille francs. Le bien qu’a fait faire M. Bost n’est pas la moindre partie du bien qu’il a fait. Entre autres mérites, la charité a celui-ci : elle se gagne.

En face de la maison de la Famille évangélique, s’élève une excellente école. Le maître qui la dirige lui a été donné par M. Bost. Un soir, il rencontre un pauvre colporteur accablé de son fardeau, et que sa faiblesse rendait impropre à sa profession. Il l’aborde, le soutient, le recueille chez lui, et, après quelques entretiens, il lui reconnaît une aptitude plus élevée. Il croit voir en lui l’étoffe d’un instituteur populaire : mais l’instruction manque ; il faut trouver des personnes bienfaisantes qui se réunissent pour placer le jeune homme dans une école normale. M. Bost sait les découvrir, et, au bout de trois ans d’études, il rappelle à lui un bon maître, auquel il confie les enfants de la paroisse.

Lorsqu’on s’approche de l’enfance pour l’assister, on rencontre trop souvent un navrant spectacle, celui de ces tristes infirmités qui dégradent la nature humaine, qui l’atteignent dans son plus noble caractère, la raison. Plusieurs de ces pauvres enfants en qui l’intelligence est comme obstruée par les organes et qui semblent à jamais privés des moyens de remonter au rang de créatures libres et morales, étaient envoyés pour trouver un asile dans la Famille évangélique. Mais la misère même de leur existence et la nature de leurs maux ne permettaient pas de les mêler à l’enfance saine et à la jeunesse valide. Ne pouvant se décider à les repousser, M. Bost les recueillait dans sa maison ; il les y laissait vivre