Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/295

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fera vivre ; s’il me retire la vie, c’est qu’il ne la veut pas. »

Dieu l’a voulue. Car, se levant enfin de la chaise longue où elle était restée longtemps étendue. Mlle  Portz a pu faire les premières démarches, toujours si difficiles, vaincre les premiers obstacles qui la séparaient de la réalisation de sa pensée. La supérieure de l’hospice de Versailles lui ayant confié un enfant, Mlle Portz réunit à la modique rétribution administrative les dons de la charité qu’elle sait provoquer, et elle s’anime par ses premiers efforts. Sa santé semble se rétablir. Ses insomnies longtemps entretenues par la souffrance, elle les consacre aux nouveau-nés dont elle s’entoure, dont elle devient la servante et la nourrice. Il y a eu six ans au mois de mai 1859 qu’elle a commencé. Elle a aujourd’hui vingt-six petites filles groupées autour d’elle, l’appelant ma mère, nommant chacune de leurs compagnes ma sœur. Les plus grandes servent les plus petites, et la famille est créée.

Un ordre parfait règne dans la maison, qui est bien située, bien aérée, propre et tranquille. Le zèle seul de la fondatrice a pu trouver et faire fructifier les moyens d’entretenir un établissement dont la prospérité paraît assurée. Pour en perpétuer la durée, Mlle  Portz a songé à créer une association de sœurs, et elle a rassemblé autour d’elle quelques personnes choisies dont elle espère faire les héritières de ses sentiments et de son esprit. « Je veux attester ce que j’ai pu vérifier par moi-même, écrivait à l’Académie notre confrère M. de Falloux. L’établissement de Mlle  Portz ne reçoit de l’administration que des secours faibles et irréguliers. Il n’est nullement municipal, et repose uniquement sur le dévouement de l’admirable fondatrice. Elle