Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/344

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tous les coins de la France, l’adhésion, l’admiration, la sympathie expressive que les magistrats, les notables, les administrateurs locaux témoignent partout à ces créations, à ces actes éclatants de la charité individuelle. Rien n’y porte l’empreinte de ces doctrines homicides qui représentent l’aumône comme une humiliation. Rien n’y annonce l’influence de ces calomnies, de ces délations qui ont provoqué la proscription des institutions et des œuvres de la charité laïque et libre, et qui, si elles pouvaient définitivement être exaucées, imprimeraient à une nation chrétienne le sceau de la plus humiliante des servitudes.

Déjà l’an dernier, à cette même place, une voix généreuse[1] a rendu le même hommage à l’initiative de la bienfaisance privée, aux libres inspirations d’un dévouement qui n’attend rien de l’État. Il est plus que jamais opportun et nécessaire de le renouveler, avec cette liberté d’appréciation qui est redevenue le privilège de l’Académie, après avoir été, pendant un temps, le patrimoine de tous.

L’Académie française n’affecte pas d’être indifférente aux luttes qui divisent le pays et la société moderne. Elle s’honore de ne pas leur demeurer étrangère ; elle s’honore encore des critiques que lui attire cette noble préoccupation. Mais elle se félicite non moins de pouvoir se placer quelquefois, comme aujourd’hui, sur un terrain où tout dissentiment est impossible, et où une commune admiration impose silence à tout contradicteur.

  1. M. de Laprade.