Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui lui sont transmis, sait bien qu’il y a d’autres dévouements qui restent ignorés d’elle et du public. Elle ne se croit donc pas appelée à fixer le contingent annuel de la vertu dans notre pays, et elle est persuadée, quoique beaucoup de bonnes actions soient présentées à son examen, qu’il y en a encore beaucoup plus qu’elle ne connaît pas. Elle a eu cette année à prononcer entre cent six concurrents : que serait-ce que cent six bonnes actions seulement pour une population de 38 millions d’âmes ? La part contributive de chacun de nous dans ce contingent serait bien petite ; mais, encore un coup, la plus grande partie des bonnes actions nous échappe. Nous sommes heureux et reconnaissants de celles que nous couronnons au nom de M. de Montyon ; mais nous vouons la même reconnaissance à tous ces dévouements inconnus et modestes, qui se trouvent presque partout dans notre société pour remédier aux maux de l’humanité, pour adoucir ses peines physiques et morales.

Nous ne pouvons pas faire une enquête générale des bonnes actions. Nous n’en avons pas le pouvoir ; nous ne pouvons que vérifier les témoignages qui nous sont adressés. Ici nous devons rendre hommage à l’administration : jamais son concours ne nous a manqué, et, toutes les fois que nous nous adressons aux préfets, aux sous-préfets, aux maires, leur bienveillance nous aide à instruire ces affaires d’un nouveau genre qui, sous le titre de prix de vertu, commencent à figurer dans la nomenclature administrative. Souvent même l’affaire nous arrive déjà instruite, et nous n’avons plus qu’à juger la bonne action de tel département ou de tel arrondissement.

L’Académie, dans la conversation que je rapporte, expri-