Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/396

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qu’il avait obtenus et mérités par ses longs et honorables services. Il est décoré de la médaille militaire. L’Académie lui confère une médaille civile. Honneur à ces types modestes, laborieux et solides, à ces hommes de devoir, de vertu, d’abnégation, à ces chevilles ouvrières de toute bonne et forte organisation sociale, sergents dans l’armée, contre-maîtres dans l’industrie, sur qui pèsent et roulent le labeur et la peine de chaque jour, et qui, dans des relations de chaque heure avec l’élément populaire individuel, font respecter en eux l’autorité dont ils occupent le moindre grade, mais dont certes ils ne remplissent pas le moins courageux office !

D’une milice à l’autre il n’y a qu’un pas. L’abbé Félix Brandelet, curé de Laviron (département du Doubs), a été signalé à l’Académie par une sorte de rumeur et de dénonciation publique venue de la contrée qu’il habite et où il exerce son ministère depuis quarante ans. Qu’a donc fait ce simple curé, qui le tire du pair d’avec ses humbles confrères les desservants ? Il a, nous écrit-on dans un premier résumé, il a reconstruit l’école des filles de Bournois, sa première paroisse ; construit, fondé et doté une école de filles à Villars-lez-Blamont, son pays natal ; créé à Blamont un pensionnat, un orphelinat et un ouvroir destinés aux filles du canton ; il a construit une église catholique à Villars-lez-Blamont où il n’y avait d’abord qu’un bâtiment commun pour les protestants et les catholiques ; il a reconstruit l’église de Laviron, sa propre paroisse ; il a fait élever et instruire à ses frais sept enfants orphelins appartenant à des familles pauvres, etc. Son patrimoine, ses économies, ses privations ont passé à ces œuvres pies, à ces œuvres utiles, qu’il a accomplies en toute simplicité, sans aucune idée de gloire ni d’honneur ;