Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/397

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et comme après l’inauguration solennelle des grands établissements de Blamont, son œuvre capitale, on s’étonnait devant lui que son nom fût le seul qui neût pas été prononcé dans les comptes rendus de la cérémonie, il répondit : « Je suis très-content qu’il ne soit pas question de moi ; c’est assez que le bon Dieu le sache, c’est de lui seul que j’attends ma récompense. »

De fait, l’abbé Brandelet a le goût des fondations, des constructions, et ce qui est beau à lui, c’est d’avoir su trouver moyen d’en faire un si grand nombre en les rendant utiles. Dès son début à Bournois, il y a quarante ans (1825), la maison d’école des petites filles ayant été incendiée, il en fit bâtir, presque uniquement à ses frais, une autre qui, coûta plus de 3,000 francs, sur lesquels la commune ne put fournir que la minime somme de 400 francs. La charité de M. Brandelet a fait tout le reste. — À Villars-lez-Blamont, village mixte, comme il en est plusieurs à cette frontière, et qui, je l’ai dit, renferme un nombre à peu près égal de protestants et de catholiques, une seule petite église était possédée en commun par les deux communions, et les cérémonies du culte s’y faisaient successivement. Il en résultait des inconvénients, nuisibles à la tolérance même. L’abbé Brandelet en avait été frappé dès l’enfance, car il est né dans ce village ; il avait formé le vœu de le doter un jour d’une église pour les catholiques seuls ; et cette pensée, il l’avait eue moins dans un esprit de division que dans un esprit de charité, moins pour sauver le contact que pour prévenir tout conflit. Bien des années se passèrent avant qu’il pût réaliser ce vœu qui lui était cher ; ce ne fut qu’en 1849-1850 qu’il lui fut donné de l’accomplir. Il avait eu d’abord à faire par-