Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/407

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c’est l’Essai de philosophie religieuse, par M. Emile Saisset. Ce livre, particulièrement approprié à un siècle d’investigation illimitée, offre le plus complet résumé des démonstrations philosophiques qui nous attestent Dieu et la Providence. Devant l’action funeste du panthéisme, les formes diverses qu’il a prises, le secours involontaire que parfois lui donne un zèle pieux, empressé à le signaler comme l’écueil fatal, mais aussi comme la déduction la plus spécieuse et la seule vraiment logique, en dehors de la vérité chrétienne, M. Saisset a voulu rétablir et défendre une première idée de la Divinité. Il a réclamé la notion naturelle d’un Dieu souverainement puissant et juste, qui ne se confondît pas avec l’univers, et aussi ne disparût pas de l’univers, aux yeux de l’homme à qui manquerait l’appui du dogme révélé. Ses autorités, ses guides dans cette œuvre, sont les grands génies philosophiques des temps modernes. Descartes, Malebranche, Newton, Leibnitz, dont il analyse les raisonnements et les systèmes divers au soutien d’une conviction identique, en même temps qu’il relève les erreurs contraires, dans le scepticisme de Kant et le panthéisme différemment gradué de Spinosa et d’Hegel.

Ces analyses, où se retrouvent la méthode, la précision, l’élégance de l’habile écrivain, sont suivies de méditations à part sur quelques-uns des problèmes déjà éclairés de tant de lumières, ou obscurcis de tant de fausses lueurs. Prendre la parole après des maîtres éminents, succéder à de tels interprètes de la vérité ou même de Terreur, c’était, ce semble, une grande hardiesse, même en admettant ce que le progrès du temps et le travail commun des intelligences doivent ajouter d’évidence et d’accroissement aux pensées vraies