Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/436

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volumes de M. Sayous qui renferment l’histoire de la littérature française à l’étranger, dans le XVIIIe siècle.

Tout n’est pas d’un intérêt égal dans ce livre ; les personnages ne semblent pas d’abord à la hauteur des grands réfugiés du XVIIe siècle ; les noms mêmes de Voltaire et de Rousseau appartiennent moins au sujet qu’ils n’y sont ramenés. Le séjour à l’étranger est un incident secondaire qui les laisse tout entiers à la littérature de la France et de Paris, comme chefs ou comme dissidents. Mais l’ouvrage de M. Sayous réunit bien d’autres noms illustrés par la science, le génie, le trône, les conquêtes, depuis le naturaliste Bonnet jusqu’à Frédéric II.

Retracer aujourd’hui cette influence de colonisation littéraire, que la langue et le génie français ont exercée si longtemps, par des Académies fondées, par des livres publiés ou écrits au dehors, par des interprètes de nos idées, des concitoyens de nos opinions suscités loin de la France, qu’ils n’avaient pas vue, c’est un supplément et un hommage qui étaient dus à l’histoire de notre pays. C’est un titre honorable d’avoir achevé semblable étude ; et ce qu’elle peut avoir quelquefois de minutieux ou d’incomplet ne diminue pas le service rendu par l’effort et la sagacité d’un esprit impartial et très-éclairé. La fermeté des jugements, la précision des vues, le style vif et naturel, s’il n’est toujours sévèrement classique, ont frappé l’Académie ; et elle décerne le Prix fondé par feu M. Bordin à l’ouvrage de M. Sayous, publié sous ce titre : le Dix-huitième siècle à l’étranger.

Une autre fondation permet à l’Académie d’honorer, à défaut d’une œuvre d’art, un travail érudit, ou même de laborieuses études. Deux volumes d’une histoire de la littéra-