Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/441

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Obligée de se borner dans ses choix, l’Académie a nommé les ouvrages qui, par le talent et l’influence présumée, lui ont paru le plus répondre à la pensée du fondateur et aux destinations variées de son œuvre.

Elle a placé d’abord deux ouvrages remplis de laborieux savoir et d’ardeur généreuse. L’un est une étude d’histoire religieuse, de philosophie et d’éloquence appliquée au plus grand intérêt moral de l’homme. Dans une partie de son ouvrage sur les trois premiers siècles de l’Église chrétienne, M. de Pressensé, ministre protestant, décrit la lutte du Christianisme contre le paganisme, et met sous nos yeux les Martyrs et les Apologistes. S’attachant à montrer l’élévation des doctrines, la pure conviction des âmes, le courage grandissant par la persécution, la science souvent unie à l’enthousiasme contre la dérision sceptique et le fanatisme idolâtre, l’auteur ne mêle pas de controverse intérieure à cette exposition de la défense commune et de l’unité première. Il retrace avec force l’inspiration de foi qu’il partage ; il explique par l’état du monde romain ce que cette foi rencontrait d’obstacles et d’appuis, ce qu’elle excitait de haines. Il fait la part du pouvoir absolu, des passions de la foule, et celle d’une littérature sophistique et corruptrice.

À ce soulèvement contre une religion qui demandait la réforme et la liberté du monde, il oppose, dans des passages bien choisis et vivement traduits, les réponses des premiers Apologistes, depuis saint Justin, philosophe et martyr, jusqu’à Tertullien, depuis Origène, Clément d’Alexandrie et tant d’autres, jusqu’à saint Cyprien, évêque de Carthage et martyr. Ces témoins, venus de toutes les parties du monde romain, soutiennent l’historien et lui apportent les diffé-