Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/448

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aussi les digressions. Mais il abonde en sentiments de religion et de famille, et devient parfois éloquent à force d’oser tout dire, et poëte à force d’émotion vraie.

À chacun de ces ouvrages fort divers, l’Académie décerne une médaille de deux mille francs. Elle sentait surtout le besoin d’honorer en public le nom de M. Edmond Arnould, ce nom qui doit laisser tant de regrets : elle aime aussi à nommer l’auteur de ce poëme des champs, inégal dans la composition, mais par moments supérieur, autant que simple. C’est M. Charles Calemard Lafayette.

Un prix, autorisé déjà plusieurs fois, sur la fondation généreuse de M.de Montyon, était de nouveau proposé, depuis cinq ans, pour l’œuvre dramatique en vers qui, représentée avec succès, réunirait le mieux les conditions de talent et d’effet moral. Mais, dans l’art, l’œuvre originale est souvent tardive. La forme de la tragédie classique n’était plus essayée ; la forme du drame moderne restait douteuse, et comme troublée plutôt qu’inspirée par les agitations récentes de la société. Sans juger ici toutes les tentatives du théâtre de nos jours, on adniettra sans peine la préférence de l’Académie pour un poëme dramatique qui offrait à l’imagination impartiale de notre temps un modèle de l’antiquité, dans sa forme première. L’Œdipe roi, de Sophocle, fidèlement traduit en vers, sans changements, sans artifice nouveau, avec la hardiesse de ses images, ses intermèdes lyriques mêlés à l’action, avait frappé les esprits comme un grand spectacle et une vérité poétique. La faveur que le public avait témoignée pour cette reprise du théâtre d’Athènes, au XIXe siècle, paraissait le signe d’un goût plus libre et plus idéal. Sans doute, c’était par la force de l’œuvre primitive