Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/450

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et privées durant les voyages de cour et les marches militaires, il a tout lu, comparé, discuté : et il retrouve ainsi l’image vivante des événements avec ce qui les prépare et ce qui les décide, l’organisation et l’héroïsme.

Si, dans ce travail, l’action de Louvois paraît sans cesse, n’exagérons pas cependant. L’aptitude infatigable du ministre seconda et soutint la volonté du prince : elle ne la faisait pas. Il y a plus d’invention et de science des détails dans le ministre, mais moins de grandeur d’esprit ; et, quoique impérieux dans son zèle, il se fût difficilement passé d’obéir, et n’eût pas régné de par le roi, et sans lui, comme Richelieu. L’historien qui juge souvent avec noblesse d’âme ce qui manquait au cœur de Louvois, devait, par là même, ne pas le croire supérieur à celui qu’il servait avec tant d’énergie et si peu de scrupule.

Malgré cette préférence trop marquée, l’étude et le sentiment si juste de l’historien lui ont fait placer partout en face et à côté de Louvois d’autres physionomies qui, nulle part, n’ont été montrées dans un jour plus vrai, Condé, Turenne, Vauban, et Vauban n’est pas le moins grand, Luxembourg, Créqui, Vivonne. Le talent, l’inspiration de l’auteur est de rendre présents pour nous ces hommes qu’il connaît si bien, et, quand il les a mis en scène avec leurs propres paroles, d’achever le récit presque du même souffle qui les animait.

Par le choix du sujet, par l’étude de tout ce qu’il renferme, par l’habile résumé des réformes militaires qui préparaient la grandeur croissante de la France, par l’attachant récit des guerres et des négociations que terminait la glorieuse paix de Nimègue, par la leçon donnée à l’ambition