Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/473

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travail savant et de salutaire exemple ; car on y voit le sentiment spiritualiste appuyé sur l’observation la plus attentive et l’analyse justifiant l’enthousiasme. Le grand naturaliste de l’antiquité était, on le sait, un témoin convaincu de l’essence immortelle de l’âme. Mais l’éloquent défenseur de cette vérité, celui qui en avait été comme l’apôtre inspiré pour la Grèce idolâtre, en était aussi le démonstrateur scientifique par la plus fine étude des facultés humaines. Insister sur cet ordre de faits psychologiques mêlés aux vues sublimes de Platon, en résumer l’ensemble avec une sagacité pleine d’ardeur, et lier cette recherche de la pensée, de son origine et de ses lois, au sentiment même du beau, prouver ainsi le principe immatériel de l’âme par les grandes idées dont elle est capable et faire du divin la source nécessaire des arts, c’est l’heureux emploi d’une noble méthode sur laquelle de grands talents ont jeté leur éclat. Une étude exacte et animée, où cette conviction s’exprime avec candeur, est un livre que l’Académie doit accueillir et placer parmi les ouvrages qu’elle distingue par des prix. Elle décerne à l’auteur, M. Chaignet, un prix de 3,000 francs.

Un livre curieux, bien ordonné, d’une raison sévère et d’un style ferme et naturel, obtient de plein droit le même rang. C’est l’ouvrage ayant pour, titre : des Prédicateurs du dix-septième siècle, avant Bossuet, par M. Jacquinet, directeur des études littéraires à l’École Normale supérieure. L’auteur, par une vue très-juste, a voulu suivre à la trace le travail multiple et continu, le progrès de raison éloquente et de force, sous des noms divers, qui, dans la chaire chrétienne, avait précédé l’avènement du génie de Bossuet. La merveille de ce génie n’en est pas moins grande, ni son su-