Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/489

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d’écrire. M. Fustel de Coulanges, professeur d’histoire à la Faculté des lettres de Strasbourg, se fera lire après Montesquieu et Niebuhr. Dans une histoire abstraite, en quelque sorte, de la première civilisation grecque et romaine, sous ce titre, la Cité antique, il retrouve et dépeint à la fois ce qui est si loin de nous. Il fait comprendre, et il met en action cette société plus religieuse encore que civile, qui n’était que la famille agrandie, la tribu croissante par l’affiliation. De là, sans doute, une grande leçon sur la puissance des sentiments naturels et des pieux instincts du cœur, à côté même d’un culte erroné.

De là aussi de graves réflexions sur les caractères de la vertu sociale, et sur cette liberté antique, imparfaite sans doute, mais plus vraie, plus personnelle même, sinon plus imitable, que ne le suppose l’auteur. Dans toute cette analyse d’un passé si différent de l’avenir, le livre est plein de détails savants, d’où sortent des idées, et l’émotion y produit parfois l’éloquence. On le sent surtout, vers la fin de l’ouvrage, sous l’impression de la décadence grecque, et de la puissance romaine, autre forme de décadence, et enfin, à la lumière du nouveau droit humain, que le Christianisme apportait au monde. Près de cet ouvrage, l’Académie place une œuvre moins précise et moins sévèrement ordonnée, mais d’une influence heureuse et d’un art habile, dans un grand sujet. C’est le livre ayant pour titre : l’Idée de Dieu et ses nouveaux Critiques, par M. Caro. Livre de polémique, dira-t-on ! mais, de nos jours, quelle évidence n’a pas été contestée ? Et suffirait-il que la plus grande des vérités nécessaires ait été récemment altérée ou méconnue, pour qu’il faille par discrétion n’en pas signaler les nouveaux défenseurs ? Ce qui im-