Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/494

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soit le goût de l’érudition mêlée à une admiration littéraire empreinte de sentiment moral, soit l’autorité du sens critique mûri par le savoir, soit l’emploi d’une invention heureuse à l’appui de vérités populaires. Un livre incomplet, d’un style parfois affecté, mais attachant, les Voyages de saint Jérôme, par M. l’abbé Eugène Bernard ; un livre de littérature étrangère, précis pour les recherches, libre pour les jugements, et toujours sainement écrit, sous ce titre : Lessing et le goût français en Allemagne, par M. Cronslé, professeur au Lycée Bonaparte ; un recueil de récits pour l’enfance, par un écrivain qui a grande expérience du sentiment moral et de l’accent d’imagination le plus puissant sur les âmes droites et simples, la Gerbée, contes à lire en famille, par M. Michel Masson, devaient être également réservés par l’Académie. Elle décerne à chacun de ces ouvrages une médaille de 1,500 fr.

Elle regrette de ne pouvoir nommer et couronner un plus grand nombre d’écrits destinés à l’enseignement du peuple, à part ceux dont le succès ancien et continu n’a pas besoin d’éloges.

Il y a bientôt un demi-siècle, un philosophe éloquent disait, ici même, à la jeunesse d’alors : « Le jour où la Charte fut donnée, l’instruction universelle fut promise ; car elle fut nécessaire. » Le sentiment de cette nécessité s’est accru, comme la sphère s’en est agrandie, dans le mouvement d’une partie de l’Europe, tel que le constataient naguères les rapports mémorables d’un président de l’Institut, organe de la science, autant que zélateur du progrès populaire. Souhaitons que les écrits appropriés à ce besoin social, dont se préoccupent le pouvoir et l’opinion, se multiplient pour y