Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/544

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MAURICE.

Indulgence en faveur des efforts.

(Elle accompagne, il chante.)

Mon sang jaillit, mon flanc ouvert me brûle…
Je sens à mon cœur qui bat lentement,
Que de mes jours voici le crépuscule…
Dieu ! tu le veux ! Ah ! je meurs en t’aimant !
Oui ! oui ! ce que je portais en mon âme
Doit, je le sens, vivre autant que mon âme !
Ce qui me fut sacré comme un autel
Ou m’embrasait d’une céleste flamme,
La liberté, l’amour immortel,
Sont là devant moi comme deux beaux anges,
Et, de la terre abandonnant les fanges.
Je sens un souffle qui m’emporte au ciel !

VALENTINE, (après le chant fini et d’une voix émue).

Oh ! tout en est divin, musique et poésie !
De pitié, de respect, on a l’âme saisie !
Et dès le premier vers… Mais je m’en aperçois !
Oui, ce sont bien des vers… et de beaux vers, je crois.
Cette traduction vous était donc connue ?
Vous l’aviez donc par cœur apprise et retenue ?

MAURICE, (souriant).

Sans peine ! Le défaut des rimailleurs conscrits
N’est pas, en général, d’oublier leurs écrits.

VALENTINE.

Leurs écrits ? Quoi ! ces vers… vous êtes donc poëte ?