Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/585

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Mais en vain mes bambins essayaient de les prendre.
À ce vol de moineaux, de merles, de pigeons,
Ils prodiguaient en vain, de leur voix la plus tendre,
Les noms de fifis, de mignons.
Mes oiseaux s’approchaient, mais, dès le moindre geste,
Ils fuyaient d’une aile plus leste.
Et retournaient à quelques pas
Reprendre leurs joyeux ébats.
Un seul de ces enfants avait le privilège
De les attirer tous, même de les fixer.
Ses bras avaient beau s’exercer,
Aucun d’eux ne levait le siège.
Quel était le secret de cet heureux bambin ?
D’où lui venait ce don de plaire ?
Faut-il le dire, hélas ! son agaçante main,
Pardonnez-moi ce langage vulgaire,
Leur faisait voir un gros morceau de pain.
Sur le gazon d’abord il lança quelques miettes,
Que mes oiseaux couraient se disputer.
Puis, plus près de la grille il risqua ses boulettes ;
Et les gloutons encor vinrent les becqueter.
Bientôt, pour rapprocher leur troupe parasite.
Il leur tend la pâture au bout de ses dix doigts ;
Et, plus timide cette fois,
Le peuple ailé se consulte, il hésite ;
Mais, s’il recule un pas, il en avance deux ;
Et bientôt un pigeon des plus aventureux
Saute, enlève sa proie, et s’échappe au plus vite.
Le succès l’encourage, il revient et soudain
D’autres s’élancent à sa suite.