Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/649

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LE CARDINAL.

Roi !

LE ROI.

Tu me veux une gloire immortelle !

(Montrant Agnès.)

Sans elle je ne puis rien accomplir de grand !
Et près d’elle, d’honneur et d’amour m’enivrant,
Mon règne léguera de tels faits à l’histoire,
Que ma faute, crois-moi, se perdra dans ma gloire !

LE CARDINAL, (se relevant).

Prends garde ! Jusqu’ici j’ai prié, mais je puis
Ne pas prier toujours, songe à ce que je suis !

LE ROI.

Je songe, et songerai que je porte couronne.

LE CARDINAL.

Roi ! ne me force pas à te dire : j’ordonne !

LE ROI, (avec colère).

Hé bien, soit ! Dis-le donc ! Va ! va ! Parle en vainqueur !
Mets mon orgueil royal du parti de mon cœur !
Au sacre de nos rois, souviens-t’en, on les nomme
Rois de France d’abord, puis, empereurs de Rome !
Le Pape, par nous seuls, vit Rome à ses genoux !
Prince, il est moins que nous, n’étant rien que par nous !
Si donc il veut répondre au bienfait par l’outrage,
Et traiter en vassaux ceux dont il est l’ouvrage,
Le fils de mes aieux alors se souviendra