Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/208

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sous l’helléniste un parfait Parisien, les philologues, les archéologues, les épigraphistes, les numismates vous en sont reconnaissants comme de la plus gracieuse des flatteries.

Avouez, Monsieur, que vous y avez mis quelque coquotterie. J’ai lu de vous un Mémoire sur un vase antique du Musée de Barbakian ; et j’en sais un autre sur le Nombre des citoyens d’Athènes au Ve siècle avant l’ère chrétienne : ce sont là, convenez-en, des sujets bien austères. J’ai souvenance encore d’un article retentissant où vous protestiez, — non sans éloquence ni sans qnelque apparence de raison, contre les libertés un peu vives que se sont permises quelques hommes d’infiniment d’esprit avec les plus poétiques fictions de la mythologie et de l’épopée grecque. Vous ne consentiez point que l’on s’égayât aux dépens du roi Menélas, et, dans l’éloignement du temps, il vous semblait que ses infortunes eussent revêtu quelque chose d’auguste. Mais, Monsieur, et Aristophane ? Vous rappellerai-je le mot de ce vieil helléniste qui ne se lassait pas de faire expliquer à ses élèves, — de grands élèves, — les Nuées ou les Grenouilles ? À la vingtième explication, raconte Sainte-Beuve, il en riait comme au premier jour, plus qu’au premier jour il en trépignait d’aise ; et il en rougissait, car il était pudique ; et il s’écriait « Ah ! Messieurs, quelles canailles que ces Grecs, mais qu’ils avaient donc de l’esprit ! » Oui ! et de cette sorte d’esprit qui consiste à savoir au besoin se moquer de soi-même ! Mais n’est-ce pas aussi pourquoi nous ne sommes point tenus d’avoir pour leurs dieux plus de vénération ou de piété qu’ils n’en avaient ? Si nous voulons un jour nous indigner contre la Belle Hélène, je vous propose, Monsieur, d’attendre qu’Aristophane ait