Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/104

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vous arrêter. Vous n’avez plus qu’à fuir, et le plus vite que vous pourrez. Quittez Paris, et comptez sur moi, quoi qu’il arrive.

« CORNÉLIUS HOGHART. »


Belle-Rose s’attendait à cette nouvelle, il brûla le billet sans paraître ému, et tirant de sa poche une bourse bien garnie, il demanda à M. Mériset s’il ne connaissait point quelque honnête personne, discrète et sûre, qu’il pût charger d’une commission délicate.

– J’ai mon neveu, Christophe Mériset, un garçon adroit comme un racoleur, et muet comme un confessionnal.

– Vous me répondez de lui ?

– C’est mon héritier.

– Il se chargera bien alors de porter cette lettre et une autre que je vais écrire à un capitaine de chevau-légers en garnison à Arras ?

– Il les portera.

– Sans tarder ?

– Dans une heure.

Belle-Rose écrivit à M. d’Assonville pour le prévenir de ce qu’il avait vu et des événements qui ne lui permettaient pas de lui porter lui-même la réponse de la dame inconnue. Aussitôt après l’arrivée du neveu Christophe, il lui remit les deux lettres, avec recommandation de faire diligence ; puis, laissant à M. Mériset un billet pour sa sœur Claudine, il lui fit part de la nécessité où il se trouvait de s’éloigner aussi.

– Ah ! mon Dieu ! ne reviendrez-vous pas ? dit le propriétaire.

– Je reviendrai si bien que je vous prie de me garder ma chambre avec ces dix louis qui seront à vous si, dans quinze jours, je ne suis pas de retour. Je vous prierai seulement de ne rien dire, ni de ce que vous avez vu, ni de mon départ, si par hasard quelque curieux vous questionnait.