Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/151

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n’aurai rien fait pour vous sauver de leurs mousquets. J’ai mon projet, et du diable si je ne l’exécute pas !

Belle-Rose, étonné, se tourna vers le caporal qui, tout en parlant, venait de verrouiller la serrure.

– Deux précautions valent mieux qu’une, reprit la Déroute, fermons la porte et parlons bas. Voilà une chaise, asseyez-vous, et surtout écoutez-moi bien.

Le caporal s’assit à côté du sergent et continua en ces termes :

– M. de Nancrais m’a remis la garde du poste. C’est ce que je voulais. Le conseil de guerre s’assemble demain matin ; vous serez condamné demain soir, et après la signification de la sentence, on vous conduira au cachot de la prévôté, où vous serez confié aux mains du prévôt de la compagnie, et le lendemain, à midi, aux yeux de toute la garnison, on vous passera par les armes.

– Je te remercie de ces détails, mon ami, ils m’intéressent beaucoup, dit Belle-Rose.

– Écoutez jusqu’au bout : le reste vous intéressera davantage. Si j’attendais que le prévôt eût fermé la porte de son cachot sur vos talons, vous comprenez que l’intervention du caporal la Déroute ne vous serait plus très utile ; ceux que le prévôt tient, il ne les lâche guère. Mais entre cette prison honnête où nous causons et son cachot maudit, il y a vingt-quatre heures. C’est plus de temps qu’il ne m’en faut pour vous faire évader.

Belle-Rose sauta sur sa chaise.

– Évader ! s’écria-t-il.

– Sans doute ! Croyez-vous donc que le caporal la Déroute soit de ceux qui oublient leurs amis ! Je vous aime, moi, c’est mon idée, et je vous sauverai.

– Et tu te feras fusiller !

– Qu’est-ce que ça vous fait, si ça m’arrange ? Mais on ne me tient pas encore. Je décampe avec vous.

– Toi aussi ?

– Certainement. Mon projet est joli, vous allez en