Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/300

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La voiture n’était point si méchante qu’elle en avait l’air ; elle roulait passablement, et Cornélius se sentit promptement soulagé ; mais on allait moins vite. À Cormont, comme on arrivait au sommet d’une côte, la Déroute, qui regardait à tout instant derrière lui, vit au loin rouler sur la route un tourbillon de poussière ; un éclair s’échappait parfois de ce tourbillon. Un coup de vent vint tout à coup qui balaya le chemin. La Déroute se haussa sur ses étriers, et la main placée en abat-jour au-dessus de ses sourcils, il jeta un rapide coup d’œil sur le groupe de cavaliers qui venait d’être démasqué. En une seconde la Déroute fut à la portière du carrosse.

– Bouletord est là, dit-il de sa voix tranquille.

Belle-Rose sauta sur ses pistolets.

– Laissez là ces joujoux, dit la Déroute : ils ne serviraient qu’à nous faire tuer un peu plus vite. Si nous étions à cheval, on pourrait en essayer ; mais en voiture, ce serait une duperie.

– Mieux vaut encore être tué que repris ! s’écria Belle-Rose.

– Mieux vaut encore se sauver.

– Que veux-tu faire ?

– Vous allez le voir.

La Déroute courut vers les chevaux qui tiraient le carrosse et les conduisit dans un chemin de traverse en ayant soin de tourner leur tête du côté de Bouletord. Un coup de fouet les fit sauter sur un talus contre lequel la voiture versa.

– Bon ! dit-il, nous allons maintenant nous jeter derrière ce mur, le capitaine et moi. Quant à vous, monsieur de l’Irlande, qui n’êtes presque point connu de Bouletord, ajouta-t-il en se tournant du côté de Cornélius, vous allez, s’il vous plaît, courir au-devant de la maréchaussée en lui demandant de venir à votre aide. Il suffit que vous le lui demandiez pour qu’elle n’en fasse rien. Alerte, les voici !