Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/324

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jeunesse, faire le sacrifice de ma main, mais aujourd’hui que je suis libre, la main ne se donnera pas sans le cœur. Or le cœur s’est donné, monsieur. Je n’ai rien de plus à répondre à la proposition que vous m’avez transmise au nom de M. de Louvois. Ma vie et ma liberté sont à lui ; mon amour est à moi.

À l’air de Mme d’Albergotti, M. de Pomereux comprit qu’il n’avait plus rien à espérer ; mais il tira de cette certitude le désir de triompher d’une résistance à laquelle, à vrai dire, il ne s’attendait pas beaucoup.

– Ma foi, madame, reprit-il avec un sourire, vous avez peut-être tort, et votre refus vous expose à un danger auquel vous ne vous attendiez pas.

– Lequel, monsieur ?

– Celui de me voir épris de vous.

Suzanne haussa les épaules en riant.

– Eh ! madame, il ne faut point vous en moquer. Si vous m’aviez épousé, c’est un péril auquel vous auriez peut-être échappé, mais vous n’êtes point sûre de l’éviter à présent.

– Si c’est un péril, avouez du moins que M. de Louvois prendra soin de me mettre en lieu où il ne saurait m’atteindre.

– Et c’est là ce qui m’enrage. Prison pour prison, à votre place j’eusse préféré le mariage. C’est une Bastille d’où l’on s’échappe quelquefois.

Suzanne arrêta M. de Pomereux d’un geste.

– Soit, reprit-il. Vous voilà entre les griffes de mon cousin : mais il ne sera pas dit que je ne tenterai plus rien pour votre délivrance ; la chose m’intéresse un peu maintenant, et je mettrai tout en œuvre pour vous rendre à la liberté à vos risques et périls.

Une heure après, M. de Louvois fit appeler M. de Pomereux.

– Eh bien ! lui dit-il du plus loin qu’il l’aperçut, avons-nous fait capituler la citadelle ?