Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/399

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– C’est vrai, dit Ambroise ; et il donna la lettre à la Déroute.

L’édit du roi, Catherine, les louis d’or, le couvent et la gibelotte dansèrent toute la nuit dans les rêves d’Ambroise. Au point du jour, la Déroute le réveilla pour l’envoyer au coche ; ils s’embrassèrent comme deux vieux amis, et l’un se dirigea vers la rue du Cherche-Midi, tandis que l’autre allait au petit trot du côté de Beaugency. La tourière du couvent des bénédictines fit appeler le père Jérôme aussitôt que la Déroute eut décliné le motif de sa visite.

– Que me veut-on ? demanda le jardinier en arrivant au parloir.

– Mon oncle, c’est votre neveu qui vient pour être jardinier, répondit la Déroute d’un air bête.


Jérôme embrassa gaillardement son neveu, auquel il reconnut tout de suite un air de famille. La Déroute, qui était pour son sang-froid un homme précieux dans ces sortes de circonstances, ne sourcilla pas, et le bonhomme de jardinier l’installa tout de suite dans son logement. Dès le premier jour, la Déroute se mit en devoir de gagner la confiance de Castor et de Pollux ; il y parvint par une abondante distribution de friandises dont il s’était muni. Le brave garçon se priva même de déjeuner pour mieux s’assurer de leur neutralité en cas d’événement. Jérôme, qui le voyait faire, s’étonnait d’une si grande amitié pour les bêtes.

– Que voulez-vous que j’y fasse ? lui répondait la