Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/416

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– Ah ! ah ! fit-il, et il a besoin de quatre chevaux, ton gentilhomme ?

– J’ai idée qu’ils verront du pays avant le soleil de demain. On m’a fort recommandé de les choisir lestes et vigoureux.

Bouletord n’avait pas oublié que Belle-Rose avait été arrêté chez le père Mériset.

– C’est clair, pensa-t-il ; sa témérité est de l’adresse ; qui diable aurait pensé que l’hirondelle reviendrait au nid ? M. de Charny s’en était bien douté, lui.

Bouletord voulant éclaircir ses premiers soupçons, proposa à Christophe de boire une bouteille ou deux au cabaret du coin. On but, et les questions allèrent leur train. Au milieu de son étourderie, Christophe était un garçon probe et honnête. Se voyant interrogé, il comprit tout de suite qu’il en avait déjà trop dit ; il se tut, vida son verre, remonta à cheval et partit. Mais Bouletord conclut du connu à l’inconnu. Si l’on achetait des chevaux, c’est qu’on voulait fuir, et si l’on voulait fuir, c’est qu’on avait l’espoir d’enlever la captive. Bouletord se frotta les mains et courut tout raconter à Grippard.

– Je les tiens, dit-il en finissant.

C’était aussi l’avis de Grippard, et il affecta une grande joie.

– Bon, dit-il à Bouletord, je ne suis pas content de mes pistolets, et comme je prétends ne pas manquer le coup ce soir, je cours chez l’armurier de la compagnie.

Mais au lieu de courir chez l’armurier, il se dirigea vers la rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice ; Cornélius ni Belle-Rose n’avaient eu garde d’y revenir ; Grippard alla toujours courant à l’observatoire de la Déroute : les deux amis en étaient sortis dès le matin. Grippard s’arracha une bonne poignée de cheveux ; mais cette pantomime ne lui faisant découvrir ni le capitaine ni l’Irlandais, il partit comme un cerf et prit le chemin