Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/426

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– Peu de chose, en vérité ; on enlève votre fiancée.

– Mme d’Albergotti ?

– Ma foi, oui. Elle galope en croupe de Belle-Rose. On vous a joué, monsieur le comte.

M. de Pomereux avait, comme on a pu le voir, une assez bonne dose d’amour-propre ; la pensée qu’on avait pu se moquer de sa personne et de ses sentiments lui fit monter le rouge au visage. Il serra la bride de son cheval qui se mit à piaffer.

– Ah ! ils sont partis ! dit-il d’une voix brève.

– La pauvre veuve a mis le feu au couvent pour éclairer ses secondes noces ! Ce sont là d’éclatants adieux, reprit en ricanant M. de Charny.

M. de Pomereux songeait aux courtisans qui allaient rire de son aventure, et, s’il était homme à ne pas craindre un boulet de canon, il avait une peur horrible du ridicule.

– Quel chemin ont-ils pris, le savez-vous ? ajouta-t-il en fouettant les flancs de son cheval du bout de sa houssine.

– C’est ce qu’il nous sera facile d’apprendre, répondit M. de Charny, ravi de voir M. de Pomereux au point où il voulait l’amener.

Quelques gens du peuple interrogés, répondirent qu’ils avaient vu une troupe de quatre cavaliers se diriger au grand galop du côté des quais. Sur un signe de M. de Pomereux, l’un des laquais offrit son cheval à M. de Charny, et ils s’élancèrent sur les traces des fugitifs. Mais il fallait s’arrêter à tous les coins de rue pour interroger les passants, et cela faisait perdre un temps énorme. Cependant Bouletord et ses camarades, étant arrivés à l’écurie de la rue Saint-Maur, se jetèrent aux crinières des chevaux ; mais en mettant le pied à l’étrier, tous tombèrent sur la paille, entraînant la selle avec eux. Les sangles étaient coupées. Bouletord jura comme un païen. Avant qu’on eût trouvé d’autres sangles et qu’on les eût ajustées, il se passa dix minutes. Enfin