Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/459

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On avait préparé aux jeunes époux un logement dans un corps de bâtiment dépendant de l’abbaye, mais séparé du logis principal par de vastes jardins. Les sœurs ne dépassaient jamais une certaine limite que la supérieure avait seule le droit de franchir. Les mariés se rendirent dans cette maison, où ils étaient à la fois libres et en sûreté. Les appartements étaient propres et gais.

– Vous êtes ici chez vous, et vous y demeurerez tant qu’il vous plaira, leur dit Geneviève. Soyez heureux, je me retire.

– Ne viendrez-vous pas quelquefois nous visiter dans cette retraite que nous vous devons ? lui dit Suzanne en levant sur elle ses grands yeux.

– Oui, reprit Mme de Châteaufort, qui la baisa au front, je reviendrai parfois respirer à l’ombre de votre bonheur.

Suzanne la suivit du regard aussi loin qu’elle put la voir, et quand la taille svelte de l’abbesse eut disparu derrière les arbres, elle soupira tout bas et dit :

– Si je n’étais pas à lui, mon Dieu, je voudrais qu’il fût à elle !

M. de Pomereux allait et venait par la chambre ; tout à coup ses yeux s’arrêtèrent sur une boîte placée sur un meuble, autour duquel il ravaudait depuis un instant, flairant les bouquets et chiffonnant les dentelles. Il prit la boîte, et voyant le nom qui était sur la suscription, il poussa un léger cri. Suzanne se retourna, et le voyant tout pâle, courut à lui.

– Qu’avez-vous ? dit-elle.

– Cette boîte que vous avez là, qui vous l’a donnée ? répondit-il.

– Gabrielle de Mesle, une pauvre fille qui est morte au couvent des dames bénédictines.

– Gabrielle est morte ! s’écria M. de Pomereux tout en tremblant.