Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/472

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– Si bien que lorsque tout ce monde s’en va, personne ne s’avise de regarder les gens sous le nez.

– Ce serait une assez vilaine besogne.

– Eh bien donc ! il faut que demain soir je sois un de ceux qui partent de l’abbaye avec monseigneur.

– Et avec la livrée sur le dos, afin que l’habit fasse passer le moine.

– Sans doute.

– Ça peut s’arranger.

– Ainsi tu t’en charges ?

– Très volontiers. Il y a dans cette suite un certain cocher qui aime à causer de guerre et de bataille avec moi ; il est fort bavard et très buveur. Je lui conterai dix sièges et vingt assauts ; à la quatrième escarmouche il sera gris ; au moment de faire sauter la mine il roulera sous la table, et je le déshabillerai à l’article de la capitulation.

– Tu en parles comme si c’était déjà fait.

– Eh ! que diable, cet homme a deux vices et je les connais ! Il est à moi !

– Sais-tu, la Déroute, que si tu n’avais pas été sergent des canonniers, tu aurais pu être un des sages de la Grèce ?

– C’eût été tant pis pour la sagesse ; la mienne est quelquefois bien voisine de la folie.

– Qu’elle soit ce qu’elle voudra, pourvu que demain je sois cocher.

– Et moi quelque chose comme laquais ou valet de pied.

– Toi ? non pas, tu restes.

– Ah bah !

– Ne faut-il pas que Suzanne ait un ami sur qui elle puisse compter ?

– Il y a l’Irlandais.

– Cornélius est marié.

– Justement ; il s’entend aux choses du ménage, tandis