Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/480

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Belle-Rose jeta la bride de son cheval à la Déroute, et pria Simon de le suivre dans la chaumière.

– L’affaire qui m’amène, reprit-il, a quelque importance ; il s’agit d’un enfant dont la garde vous a été confiée.

Simon pâlit à ces mots et regarda fixement Belle-Rose.

– Qui vous envoie ? demanda-t-il.

– Une personne qui a toute autorité sur cet enfant, la seule qui puisse efficacement le protéger ; et tirant de sa poche un papier, Belle-Rose le tendit au garde.

Simon prit la lettre et l’ouvrit en tremblant. Elle était de Mme de Châteaufort et priait le vieux garde d’obéir en toute chose à Belle-Rose, à qui elle transmettait tous ses droits sur l’enfant.

– Ordonnez, monsieur, reprit le garde, qui avait peine à parler.

– Est-il ici ? demanda Belle-Rose.

– Il y est.

– Ainsi, je puis l’emmener dès aujourd’hui ?

– Vous le pouvez.

– Il faut alors qu’il se tienne prêt à partir dans quelques heures.

Le vieux garde hésita, les paroles mouraient sur ses lèvres ; il fit un violent effort sur lui-même et ouvrit la bouche :

– Vous enlevez avec l’enfant toute la joie et tout l’espoir de cette maison ; je me suis habitué à l’aimer, et maintenant que je n’ai plus que peu d’années à vivre, je ne puis me faire à l’idée de le perdre. Ne le reverrai-je plus ?

Belle-Rose prit la main du garde et la serra.

– Vous le verrez toujours, si vous voulez, lui dit-il.

– Que faut-il que je fasse ? s’écria Simon.

– Je le conduis au couvent de Sainte-Claire d’Ennery.

Le garde tressaillit.

– À l’abbaye de Sainte-Claire ! reprit-il. Eh bien !