Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/502

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– Mon Dieu ! que vous êtes donc vif pour un homme tué. À vrai dire, je n’aime pas à voyager seul, j’ai du goût pour la compagnie, et, si vous le permettez, j’emmènerai avec moi Belle-Rose et mon ami la Déroute.

– C’en est trop, et je ne le souffrirai pas.

M. de Charny s’élança vers la fenêtre, mais M. de Pomereux l’arrêta au passage.

– Écoutez, monsieur, lui dit-il d’une voix ferme, je suis ici le maître, étant chez moi. Vous êtes venu sans ordre et sans titre pour je ne sais quelle mission que vous n’avez pas le droit d’exercer. Vos bandits ont fait feu sur ma maison, la maison d’un gentilhomme. J’aurais pu vous faire bâtonner par mes gens et jeter dans la rue, je ne l’ai pas fait. Vous vous êtes battu, vous avez été vaincu, pour moi vous êtes mort ; souvenez-vous de nos conditions. Si maintenant vous dites un mot, si vous criez, si vous appelez, foi de gentilhomme, je vous brûle la cervelle.

M. de Pomereux prit un pistolet et l’arma. Il était un peu pâle et ne riait plus. Il y eut un instant de silence terrible. M. de Charny ne craignait pas la mort, mais si la mort le frappait, l’espoir de la vengeance lui échappait. Il regarda M. de Pomereux l’espace d’une seconde. Le visage du comte exprimait une résolution froide, et il n’était pas douteux qu’il n’exécutât sa menace au premier cri. M. de Charny se tut et s’assit.

– La voiture de M. le comte est attelée ! cria Labranche en ouvrant la porte.

La Déroute disparut un instant sur un signe de Belle-Rose et revint tenant dans ses bras le petit Gaston qui dormait paisiblement.

– Suivez-moi, mes amis, et vous, monsieur, passez, ajouta-t-il en s’adressant à M. de Charny.

On descendit le grand escalier. Quand on fut en bas, M. de Pomereux se tourna vers deux de ses gens.

– Vous voyez bien monsieur, leur dit-il en désignant M. de Charny,