Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/518

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L’équipage allait comme le vent. À quelque distance de l’abbaye, la Déroute, qui galopait en tête, vit, sur les bas côtés de la route, des cavaliers silencieux enveloppés de grands manteaux. Ils firent quelques pas au-devant du carrosse, le reconnurent pour être celui de M. de Charny, et s’inclinèrent. Belle-Rose et Cornélius couraient chacun à l’une des portières du carrosse. Au bout d’un quart d’heure, M. de Charny abaissa l’une des glaces, celle qui était du côté de Belle-Rose.

– Hé ! Grain-d’Orge ! dit-il.

Grain-d’Orge n’avait garde de répondre, mais Belle-Rose poussa hardiment son cheval à la portière.

– Le voilà, monsieur, dit-il en découvrant son visage.

M. de Charny le reconnut à la lueur vacillante des torches ; il poussa un cri et voulut s’élancer par la portière ; mais il rencontra le canon d’un pistolet dont la gueule froide s’appuya sur son front.

– Vous êtes mort si vous bougez, lui dit Belle-Rose de sa voix la plus tranquille.

M. de Charny se jeta de l’autre côté, mais il se trouva en face de Cornélius qui le salua à la manière de Belle-Rose. M. de Charny comprit qu’il était pris comme dans une souricière ; il n’avait pas d’autre arme que son épée, et le plomb avait cette fois l’avantage sur le fer. Une imprécation de fureur jaillit de ses lèvres.

– Voyons, reprit Belle-Rose, ne nous fâchons pas, et surtout ne cherchez point à vous échapper. Vous êtes seul dans une espèce de boîte, nous sommes deux à cheval et bien armés ; vos laquais sont très proprement