Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/525

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retourna, et du même coup d’œil il reconnut le sergent et le capitaine.

– Belle-Rose ! s’écria-t-il à son tour.

Et sautant de cheval, il se jeta dans les bras de Belle-Rose, qui, de ceux du colonel, passa dans ceux de Pierre.

– Enfin ! dit M. de Nancrais, ils ont donc ouvert les griffes !

– C’est-à-dire que j’en suis sorti.

– Eh bien, morbleu ! tu n’y rentreras pas. L’armée est un lieu d’asile.

– C’est un paradis ! murmura la Déroute.

M. de Nancrais sourit en regardant le sergent.

– Quant à toi, reprit-il, si l’on vient te chercher, tu as une hallebarde pour te défendre.

M. de Nancrais entraîna Belle-Rose et passa dans l’appartement de M. de Luxembourg. Au nom du colonel, le général se tourna brusquement vers la porte.

– Avez-vous l’ordre ? s’écria-t-il.

– Je l’ai, répondit M. de Nancrais en tirant une dépêche de son habit ; vous aurez bientôt, monsieur le duc, ajouta-t-il, vingt occasions de signaler votre courage contre les ennemis du roi et du royaume ; une autre se présente maintenant de signaler votre générosité. Voici un officier qui réclame votre protection.

– Le capitaine Belle-Rose ! s’écria le duc.

Et spontanément il courut embrasser le jeune homme.

– Vous avez cherché mon appui, et mon appui ne vous faillira pas, dit-il ; aussi bien comme je suis la cause du mal, c’est à moi de le réparer.

Belle-Rose voulut l’interrompre ; M. de Luxembourg l’arrêta d’un geste.

– Certes, dit-il, j’ai fait ce que j’ai pu ; mais puisque je n’ai point réussi, je n’ai rien fait. L’incendie du couvent des dames bénédictines de la rue du Cherche-Midi et l’enlèvement de Mme d’Albergotti ont fait échouer mes démarches au moment où peut-être elles allaient