Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/536

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son corps expirant et vint se mettre au premier rang. M. de Nancrais, Belle-Rose, Cornélius, la Déroute et Grippard formaient un noyau qui trouait l’armée hollandaise avec la force irrésistible d’un bélier. M. de Pomereux était partout à la fois, choisissant ses adversaires et improvisant çà et là des duels au milieu du combat. Quand il se faisait un mouvement quelconque d’un côté, Belle-Rose quittait ses amis, courait là où était le danger, et maintenait la supériorité acquise dès le commencement de l’action. Il avait tout ensemble la bravoure du soldat et le coup d’œil du chef ; on le suivait avec enthousiasme et on lui obéissait avec une confiance aveugle. La tour de Tolhus cessa bientôt son feu ; elle était démantelée et vaincue. Les deux batteries du prince de Condé tournèrent leurs canons fumants vers la plaine, où l’on apercevait les Hollandais derrière leurs haies et leurs palissades. L’élan était donné ; il ne dépendait même plus des chefs de l’arrêter ; à vrai dire, aucun d’eux n’y pensait, et bien loin de vouloir contenir leurs troupes, ils les auraient poussées si elles en avaient eu besoin. Les princes du sang eux-mêmes se battaient comme des officiers de fortune. La présence du prince de Condé, de son fils le duc d’Enghien, du duc de Luxembourg, du jeune duc de Longueville, communiquait une ardeur incroyable aux soldats qui venaient si audacieusement de franchir le Rhin. On ne prenait pas garde à la mousqueterie qui éclaircissait les rangs, et l’on arrivait pêle-mêle aux barrières, les mieux montés en avant, les autres derrière. Les officiers hollandais étaient parvenus à rétablir un peu d’ordre parmi leurs compagnies, qui s’imaginaient que toute l’armée française allait tomber sur elles ; les cavaliers, ralliés derrière un premier fossé, faisaient le coup de pistolet. Une balle emporta le chapeau de M. de Pomereux, qui salua de son épée.

– Voilà une leçon de politesse dont il faut que je