Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/76

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– Et tu me promets de garder le silence au prix de ta vie ?

– Je le jure.

– C’est bien. Je vais préparer tes instructions ; demain, tu partiras pour Paris.


Le lendemain, de bonne heure, M. d’Assonville fit entrer Belle-Rose dans son appartement. Sur la table devant laquelle il était assis, on voyait quelques lettres et divers papiers éparpillés. À la pâleur du capitaine, à ses yeux fatigués, on comprenait qu’il avait passé la nuit tout entière à écrire.

– J’ai fait prévenir M. de Nancrais que j’avais besoin de tes services, dit-il à Belle-Rose ; ta responsabilité de soldat est à couvert, et d’un jour à l’autre la prolongation de ton congé arrivera. Es-tu toujours prêt à partir ?

– Toujours.

– Peut-être y aura-t-il quelque danger, et je dois t’en prévenir.

– Je regrette seulement que ces dangers ne soient pas certains.

M. d’Assonville leva ses beaux yeux sur Belle-Rose, et lui tendant la main : – Laisse la tristesse à ceux qui n’espèrent plus. Tu as vingt ans, Belle-Rose ! vingt ans, l’âge du plaisir !

– Et vous trente, capitaine ; trente ans, l’âge des passions !

– Tu crois ? reprit le capitaine avec un sourire. Il me semble que j’ai le cœur éteint. – Un instant il garda le silence, puis il reprit : – Dieu est le maître ! Laissons cela et revenons à ton voyage. Voici trois lettres, mon