Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/109

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tous les sens et séparément, fouillant les cabanes et les auberges, et ne laissant pas passer un voyageur sans l’interroger. Rudiger était de cette race de chasseurs qui s’acharnent sur une piste. Il rentra le soir au rendez-vous, l’air morne et abattu.

— Ah ! le maudit renard, il a rompu sa voie ! dit-il.

Magnus était pris d’une grande tristesse ; pour la première fois il sentait que le courage l’abandonnait. L’abattement de Carquefou n’était pas moindre.

— Bonté du ciel ! murmura-t-il, si Magnus pleure, tout est perdu !

Ils étaient alors dans la salle commune d’une méchante hôtellerie où buvaient des rouliers, des chasseurs, des voyageurs de toutes sortes. Une troupe de bohémiens s’étant arrêtée à la porte, Rudiger sortit, emmenant Carquefou, pour se mêler à leur campement et les interroger.

Magnus, la tête dans ses mains, Baliverne sur ses genoux, resta dans son coin. Il lui semblait qu’il y avait un gouffre noir devant ses yeux.

Un jeune garçon d’une quinzaine d’années entra, tenant à la main un oiseau.

— Est-ce étonnant ! dit-il à l’hôtesse, qui dressait le couvert des voyageurs, voilà encore un oiseau qui porte au cou un bout de papier tenu par un fil. C’est le troisième que je prends depuis quinze jours. Tenez, voyez, il y a des mots écrits sur le papier.

L’enfant s’approcha d’une chandelle et il s’efforça de lire ce qu’il y avait sur le papier.

— C’est impossible ! dit-il, la pluie a lavé l’encre ; il n’y a qu’un mot que je puis déchiffrer : toujours le même.

Il posa le papier sur le fourneau pour le faire sécher ; quelqu’un ouvrit la porte, et un courant d’air porta le papier jusqu’aux pieds de Magnus.