Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/114

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— C’est bien cela, murmura Magnus.

Il sortit de la cave, repoussa la large pierre dans son alvéole, descendit le couloir sombre, et regagna l’ouverture secrète, où la lumière écarlate du soleil l’éblouit.

« Si cependant je n’avais pas été maraudeur, pensa-t-il, jamais je n’aurais découvert cette issue ! »

Quand il reparut dans la chaumière où Carquefou prodiguait l’avoine aux chevaux, il y trouva Rudiger qui se frottait les mains d’un air joyeux.

— Le seigneur Mathéus a le don charmant d’offenser qui le sert, dit-il : il brutalise les gens et les paye mal, c’est trop ! La conséquence de cette sottise est que l’un des habitants du château m’a livré le mot de passe.

— C’est… ?

— Agnus Dei et Wallenstein.

— Le coquin ! Il mêle ensemble la religion et la politique !… Patience ! il n’aura peut-être pas longtemps à se livrer à ces fantaisies.

— De plus, quelques camarades d’autrefois, que j’ai rencontrés là-haut, m’ont fait bon accueil… j’ai toute liberté d’aller et de venir à ma guise.

— Il fait bon quelquefois de fréquenter la mauvaise compagnie, observa philosophiquement Carquefou.

— Mais l’endroit où sont enfermés les prisonniers ? demanda Magnus.

— L’un d’eux a été descendu aujourd’hui dans le cachot de la tour du Serpent, celui qu’on appelle la chambre rouge : un grand, mince et blond.

— M. de la Guerche alors !

— C’est possible ! L’autre, le brun, a été transféré dans une partie du château qu’on n’a malheureusement pas pu m’indiquer.

— Parbleu ! s’écria Carquefou, voilà un poignard qui saura